Les hôpitaux académiques réclament 60 millions d’euros

4,6% de leur budget total: c’est le financement perçu par les sept hôpitaux académiques belges pour l’accomplissement de leurs missions universitaires : la recherche, l’enseignement, les soins de pointe. Aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse, ce pourcentage dépasse les 20%. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude comparative portant sur les missions spécifiques des hôpitaux académiques (HA) dans huit pays.

Les sept hôpitaux académiques et les universités assurent la plupart de la recherche biomédicale de notre pays. Actuellement, la recherche se concentre entre autres sur les maladies rares et complexes pour lesquelles aucun traitement efficace n’existe, laissant ainsi des patients sans perspective de guérison. Si notre pays veut pouvoir continuer à offrir à la population une médecine contemporaine et de haut niveau dans le futur, les pouvoirs publics doivent en assumer la responsabilité. A l’instar des pays voisins, ils devront dégager des moyens pour la recherche, les soins de troisième ligne et la formation au sein des hôpitaux académiques.

La Conférences des Hôpitaux Académiques de Belgique (CHAB) a chargé le cabinet Antares de réaliser une étude sur les missions universitaires des hôpitaux académiques en Allemagne, au Canada, au Danemark, en Espagne, en France, aux Pays-Bas, en Suède et en Suisse, ainsi que sur leur financement.

Sept fois plus pour les hôpitaux académiques aux Pays-Bas !

En 2013, le financement des sept hôpitaux académiques belges n’a pas dépassé 139 millions d’euros, soit 4,6% de leurs recettes. Cela représente à peine un septième du montant perçu par les centres académiques néerlandais pour des tâches similaires.  En Allemagne ou en Suisse, le financement des hôpitaux académiques atteint 20% de leur budget. En France, en Espagne et en Suède, ce pourcentage s’élève à 9%, soit à peu de choses près le double de ce que reçoivent les hôpitaux académiques belges. Pourtant, malgré un financement public significativement plus élevé, les HA allemands, suisses et suédois tirent la sonnette d’alarme en raison de leurs situations déficitaires.

Estimation de la part du financement des missions universitaires1 par rapport au budget total des hôpitaux universitaires

(1)      hors financement de la recherche par projet

Légende :

 estimation incomplète
 estimation complète

 

 

Il existe des similitudes frappantes entre les différents pays par rapport au nombre d’hôpitaux académiques et à l’accomplissement de leurs missions spécifiques.  Notre pays compte sept hôpitaux académiques, soit 1 hôpital pour 1,6 millions d’habitants. Ceci place la Belgique dans la moyenne de pays tels que le Danemark, la Suède et la Suisse. Seuls des pays plus peuplés comme la France, les Pays-Bas et l’Allemagne atteignent la moyenne d’un hôpital académique pour 2,1 à 2,5 millions d’habitants.

Dans tous les pays étudiés, le rôle des hôpitaux académiques est déterminant dans la formation des médecins.

C’est surtout en France, en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas que les soins de troisième ligne (ou de pointe) sont dispensés dans les hôpitaux académiques. La Suède et le Danemark intègrent  également des hôpitaux hautement spécialisés dans cette activité. Dans pratiquement tous les pays, l’on s’oriente vers une concentration des soins spécialisés en vue de garantir une meilleure qualité.

Dans presque tous les pays, la recherche est du ressort des hôpitaux académiques, à l’exception du Danemark où les hôpitaux académiques et généraux se répartissent équitablement cette activité. Dans des pays tels que la Suisse, l’Allemagne et le Danemark, la recherche est en grande partie financée de manière structurelle, même si l’on s’y dirige vers un financement davantage ciblé par projet.

100 million d’euros

Ces trois dernières années, plus de 100 millions d’euros d’économies ont été imposés aux hôpitaux académiques.  En raison de la spécificité de leur statut – les médecins y sont salariés – ces hôpitaux ne peuvent pas compenser ces charges en augmentant la contribution des médecins à leur financement.

Dans les pays étudiés, les hôpitaux académiques sont financés à concurrence de 13% de leur budget en moyenne. Si la Belgique voulait atteindre ce niveau, il faudrait injecter 300 millions d’euros supplémentaires dans le financement des hôpitaux académiques ! Dans un premier temps, les sept hôpitaux académiques demandent au futur gouvernement fédéral de porter de 13% à 75% son intervention dans la compensation pour charges patronales  liées à la rémunération des médecins spécialistes. Coût : 60 millions d’euros.

En retour, les hôpitaux académiques s’engagent à fournir à la collectivité la garantie de soins de pointe innovants et de qualité, une solide  formation des médecins et le maintien d’une recherche scientifique d’excellence. Celle-ci est essentielle si l’on veut pouvoir garantir une formation qualitative des médecins. L’objectif doit être de porter le niveau de financement des hôpitaux académiques belges à tout le moins au niveau minimal européen.

Info

Chantal De Boevere

Tel 0479 29 98 78